L’histoire d’un enfant recueilli n’est pas quelque chose à négliger. Qu’elle soit compliquée ou non, il est de notre devoir de lui transmettre la vérité sur son origine et pas n’importe comment. Pourquoi, quand, et comment vous allez vous y prendre ? C’est ce que nous allons voir.
Quand on élève un enfant depuis ses premiers jours, il arrive très souvent qu’on s’attache à lui d’une manière si forte que rien ne semble pouvoir nous séparer. Il paraît alors difficile de parler de son origine et de comment il est arrivé sous notre toit. La crainte de perturber l’enfant vous fait perdre tous vos moyens et vous reculez sans cesse le moment où vous lui expliquerez la vérité. Vous ne savez pas non plus quand vous commencerez à lui parler de sa venue au monde. Dans cet article, nous tenterons de vous donner quelques pistes afin de franchir sereinement cette étape plus ou moins délicate.
Pourquoi est-ce important ?
L’aspect moral et religieux
Avant de réfléchir à comment vous allez parler à votre enfant, il est nécessaire de comprendre la valeur de votre entreprise. En islam, le mensonge, qui est un péché avéré, n’est pas forcément verbal. Il peut être silencieux. Ainsi, si vous évitez de révéler la vérité à votre enfant sans forcément lui affirmer qu’il est de vous, vous êtes potentiellement dans un acte répréhensible.
D’autre part, il faut savoir qu’un mensonge, en dehors des trois cas autorisés, ne peut être que source de conséquences désastreuses à long et court terme. Ne vous laissez pas berner par des insufflations vous dissuadant d’être sincère et vous envahissant d’assertions accablantes. L’honnêteté et la sincérité seront toujours les meilleures options. Il ne s’agit pas non plus d’être brutal. Souvenez-vous de ce proverbe arabe : « Lorsque tu lances la flèche de la vérité, n’oublie pas de tremper la pointe dans du miel ». C’est d’autant plus vrai lorsqu’il s’agit d’un enfant.
L’aspect psychologique
Être honnête dès le départ envers un enfant recueilli est d’une importance capitale. Tout d’abord, être dans une démarche où l’on voudrait effacer son passé ne va pas faire évoluer les choses de la meilleure façon. En effet, un enfant adopté, même s’il en est inconscient, n’est pas une page blanche. Il faut donc accepter son histoire, aussi dure soit-elle, pour d’une part ne pas construire un tabou autour de sa naissance et d’une autre lui offrir une richesse qui, souvent, n’est pas considérée comme telle.
Ne pas être né dans des conditions classiques n’est pas forcément une tare. Cela peut être une source de reconnaissance infinie envers son créateur ainsi que d’une grande motivation pour réussir sa vie. Ce qui ressort de cette réflexion c’est qu’il faut tirer le meilleur de chaque situation et chaque histoire. Pour y parvenir, il vous incombe d’avoir une attitude positive et encourageante envers votre enfant.
Comment s’y prendre ?
Travaillez d’abord sur vous
Pour trouver les bons mots, il faut être convaincu de sa démarche. Il est vrai qu’il est difficile de prononcer certaines paroles qui nous semblent assassines. Elles le seront peut-être si vous vous y prenez trop tard. Il paraît donc nécessaire pour vous de travailler sur vous pour franchir ce cap que vous essayez de reculer indéfiniment. Pour cela, arrêtez d’exagérer le « drame ». Cela se sentira dans votre voix et dans la façon dont vous le dites.
Les enfants sont très intelligents et ressentent les choses d’une façon que vous ne soupçonnez pas. Vous devez donc dédramatiser et relativiser la situation. Rappelez-vous du bienfait qu’Allah lui a accordé en le destinant à vous. N’annoncez pas la chose comme quelque chose de grave mais plutôt comme un fait, comme quelque chose qui existe et qui n’influe en rien votre amour pour lui. Accompagnez les informations qui paraissent plus ou moins négatives par des vérités réconfortantes vous concernant tous les deux.
Choisir le bon moment
Une question cruciale que ni les parents ni la science ne se posaient autrefois. Avec les avancées de la recherche et de la psychologie, il y a consensus à propos du moment où l’on annonce à l’enfant qu’il n’est pas de nous. Il n’y a plus de doute, plus tôt l’enfant est informé de son origine, mieux il se portera en grandissant. Et quand on dit tôt, c’est au plus tard à l’entrée à la maternelle. En effet, même si l’enfant n’a pas encore un langage développé, il est primordial d’introduire la vérité très tôt.
Cela doit se faire de façon progressive, au rythme de l’enfant. Il intègrera ainsi le fait qu’il n’est pas votre enfant biologique et ne le vivra pas comme un choc. La kafala sera un sujet naturel pour lui. Il y a mille et une façons de faire comprendre à un enfant qu’il n’est pas de vous. Par exemple, vous pouvez acheter des livres d’images, faire des dessins avec lui et utiliser des mots appropriés qu’il pourra comprendre facilement.
Pour finir, l’histoire d’un enfant recueilli est une part importante de son identité. Plus vous en parlerez tôt, plus ce sujet sera confortable pour votre enfant dans les années à venir. Il faut rappeler qu’il n’a pas à avoir honte de son origine et que cela n’entrave en rien son intégrité. En effet, Ali ibnu abi talib a dit : « L’orphelin n’est pas celui qui a perdu ses parents. Non ! L’authentique orphelin est celui qui ne possède ni savoir, ni éthique.»